Grâces pour le monde

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En plus de renouveler la ‘vie baptismale’ (partie I) et de susciter des ‘disciples missionnaires’ (partie 2), l’adoration eucharistique continue est une prière d’intercession pour le monde, un service pour l’humanité.

Pour évangéliser le monde, il faut des experts en célébration, en adoration et en contemplation de l’Eucharistie…

Saint Jean-Paul II, Journée Mondiale pour les missions, 2004

1. Un service éminent pour l’humanité

En adorant le Saint-Sacrement, nous représentons la personne de notre famille, de notre paroisse, de notre monde qui a le plus besoin de la miséricorde divine. Celle-ci reçoit les grâces nécessaires pour revenir à Dieu le Père :

Par l’adoration, le chrétien contribue mystérieusement à la transformation radicale du monde et à la germination de l’Évangile. Toute personne qui prie le Sauveur entraîne à sa suite le monde entier et l’élève à Dieu. Ceux qui se tiennent devant le Seigneur remplissent donc un service éminent ; ils présentent au Christ tous ceux qui ne Le connaissent pas ou ceux qui sont loin de Lui ; ils veillent devant Lui, en leur nom…

Saint Jean-Paul II, Lettre à Mgr Houssiau, 28 Juin 1996

En Exode 17, pendant que le peuple d’Israël luttait contre les Amalécites, Moïse intercédait pour la victoire du haut de la montagne. Lorsqu’il élevait les mains, Israël avait l’avantage. Lorsque ses bras s’alourdissaient, les ennemis prenaient le dessus… Moïse demande alors l’aide d’Aaron et d’Hur pour soutenir ses bras. Et le peuple de Dieu devient victorieux… La victoire vient toujours de Dieu. Elle se concrétise sur le terrain. Mais elle passe par les intercesseurs qui ne doivent pas interrompre leur prière. De même aujourd’hui, par l’adoration perpétuelle, les paroissiens se relaient d’heure en heure, dans le service de l’intercession continue. Le cœur des paroissiens est sans cesse élevé vers Dieu. Et Dieu donne la victoire à son peuple, son Église. Il envoie sa miséricorde, sa paix et sa lumière dans les cœurs et le monde…

Un soir en entrant dans sa cellule, sainte Faustine vit:

Jésus exposé dans l’ostensoir. Il m’a semblé que c’était en plein air. Aux pieds de Jésus, je voyais mon confesseur et derrière lui un grand nombre de dignitaires de l’Église… plus loin encore, je vis des grandes foules que je ne pouvais embrasser d’un coup d’œil. Je voyais ces deux rayons sortant de l’hostie, les mêmes qui sont sur l’image. Ils étaient étroitement unis, mais ne se confondaient pas. Ils passèrent par les mains de mon confesseur, puis par les mains de ce clergé, et de leurs mains à la foule, puis revinrent à l’hostie.

Sainte Faustine, Petit Journal n° 343.

Aussi, en Is 62, 4, la puissance de l’intercession est signifiée : « sur tes remparts, Jérusalem, j’ai posté des veilleurs, de jour et de nuit, jamais ils ne se tairont ». Lorsqu’une paroisse organise l’adoration continue, les « veilleurs » sont les adorateurs sur les « remparts » qui ne se « taisent jamais ». En d’autres mots, par leur prière incessante, ils sont comme suspendus entre ciel et terre et font descendre sur l’humanité les écluses de la miséricorde divine.

L’adorateur est placé mystérieusement sur les fractures de l’humanité. Sa supplication embrasse toutes les situations où l’homme a perdu sa dignité, son intégrité, sa ressemblance avec le Père. « La où le péché a abondé, la grâce à surabondé » (Rm 5, 20). Par l’adoration humble et cachée des fidèles, les effets de la Rédemption rejoignent les lieux les plus obscurs, indignes et douloureux de l’humanité.

2. Rayonnement Eucharistique

Une chapelle d’adoration est un phare qui éclaire, unit, rayonne au loin. Lorsque Jésus est aimé et adoré, il accomplit sa promesse : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12, 32). Par l’adoration eucharistique, nous touchons le Cœur de Jésus. Ce Cœur s’est uni à chaque personne et touche tous les cœurs en retour… Le philosophe américain Peter Kreeft écrit :

C’est un des mensonges les plus destructifs de Satan de dire que rester assis dans une Église en adorant le Christ est inutile, superflu et nous éloigne de nos besoins vitaux et nos devoirs contemporains. L’adoration touche chaque personne et chaque chose car elle touche le Créateur, qui touche toutes choses et toutes personnes au monde, de l’intérieur, de son centre même. Lorsque nous adorons, nous plongeons dans l’œil du cyclone, le point immobile autour duquel le monde tourne. Nous nous unissons à un dynamisme et une puissance infinis.

Peter Kreeft, philosophe américain

Saint Charles de Foucauld prie ainsi :

Cœur Sacré de Jésus, rayonnez du fond de ce tabernacle sur ce peuple qui vous entoure sans vous connaître. Éclairez, dirigez, sauvez ces âmes que vous aimez ». « De son tabernacle, Jésus rayonnera sur ces contrées et attirera à Lui des adorateurs… Ma présence fait-elle quelque bien ici ? Si elle n’en fait pas, la présence du Saint-Sacrement en fait certainement beaucoup : Jésus ne peut être en un lieu sans rayonner.

St Charles de Foucauld

3. La réparation pour les grandes fautes et les grands délits du monde

La messe, du fait qu’elle perpétue le Sacrifice du Christ sur le Calvaire, a les mêmes fins que le Sacrifice de la Croix. L’adoration qui prolonge la messe possède les quatre mêmes finalités :

  • Honorer et adorer Dieu d’abord, ce qui doit être l’activité principale du croyant.
  • Rendre grâce à Dieu : c’est la finalité proprement eucharistique, le mot grec ‘eucharistia’ voulant dire précisément « action de grâces ».
  • La troisième finalité (que nous soulignons ici) est la réparation pour les péchés des hommes : c’est la finalité dite satisfactoire. C’est pour cela que le Fils s’est offert à son Père. C’est l’amour de Jésus poussé jusqu’à la fin (cf. Jean 13, 1) « qui confère sa valeur de rédemption et de réparation, d’expiation et de satisfaction au sacrifice du Christ » (CEC, n° 616).
  • Enfin, la messe a une finalité impétratoire, du latin impetrare, « obtenir ». L’Eucharistie est une prière, le sommet de la prière de l’Église, dans laquelle nous demandons à Dieu ses dons et ses grâces.

L’Église et le monde ont un grand besoin de culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement d’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais.

Saint Jean-Paul II, Lettre Apostolique, ‘Dominicae Cenae’, 1980

Par exemple, rappelons que la Basilique du Sacré-Coeur a été construite suite à un vœu national. L’église est consacrée au Cœur du Christ « en réparation » (c’est-à-dire en pénitence pour les infidélités et les péchés commis). Pour les catholiques de l’époque, les malheurs de la France provenaient de causes spirituelles plutôt que politiques. Il fallait offrir au Cœur du Christ un amour incessant par l’adoration perpétuelle pour contrebalancer les trahisons contre sa personne, contre son Église et contre tant d’innocents pendant cette période de terreur.

En plus de ce fruit de l’adoration pour réparer les grandes fautes et les grands délits de notre monde, l’adoration eucharistique fait office de réparation pour les fautes commises contre la présence réelle de Jésus dans la Sainte Hostie. Combien de communions sacrilèges, que d’indifférence et d’ingratitude du peuple de Dieu envers le doux Sauveur qui se donne sans compter dans la sainte Hostie. Réparer, c’est offrir au Cœur de Jésus qui palpite dans la sainte Hostie une compensation pour l’offense qui lui est faite. C’est aimer Jésus de tout son cœur pour ceux qui le rejettent ou l’ignorent…

Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour.

Sainte Marguerite-Marie. Autobiographie, n. 55 et 56

4. Paix, ordre, sécurité, écologie, respect de la vie

Par la puissance de l’Esprit vivifiant, le culte rendu à la divine Eucharistie pousse véritablement l’âme à développer un amour social, par lequel le bien commun est préféré au bien particulier.

L’Eucharistie est d’une efficacité suprême pour la transformation du monde en un monde de justice, de sainteté et de paix.

St Paul IV, discours du Saint Père pour l’inauguration des œuvres sociales eucharistiques internationales à Dos Hermanas

L’acte d’adoration en dehors de la Messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la Célébration liturgique elle-même. En fait, ce n’est que dans l’adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai. Et c’est bien par cet acte personnel de rencontre avec le Seigneur que mûrit ensuite la mission sociale qui est renfermée dans l’Eucharistie et qui veut briser les barrières non seulement entre le Seigneur et nous, mais aussi et surtout les barrières qui nous séparent les uns des autres 

Benoit XVI, Exhortation Apostolique, ‘Sacramentum Caritatis’, n° 66, 2007.

En revenant à Dieu son Père par l’adoration, l’homme retrouve son identité première, celle d’être enfant de Dieu. Sa vocation n’est pas d’abord la consommation, mais la relation filiale. Le Patriarche Ignace IV d’Antioche affirme que « le monde sera soit défiguré par la consommation, soit transfiguré par l’adoration ».

Jésus, s’adressant à sainte Faustine déclarait : « L’humanité ne trouvera pas la Paix tant qu’elle ne se tournera pas avec confiance vers ma Miséricorde » (Faustine Kowalska, ‘Petit Journal’, n. 300). Plus loin, nous lisons : « Le trône de la Miséricorde, c’est le Tabernacle » (Faustine Kowalska, ‘Petit Journal’, n. 1484). Ainsi, il ne peut y avoir de paix véritable dans les cœurs, les familles et le monde sans se tourner davantage vers l’Eucharistie célébrée et adorée.

L’adoration perpétuelle eucharistique a protégé mon diocèse de la violence qui menaçait de le déchirer. Aussi bien les prêtres que les laïcs attribuent à l’adoration perpétuelle eucharistique non seulement la protection du diocèse contre le communisme, mais aussi l’instauration de la paix et de l’ordre.

Mgr Ruben Profugo, évêque de Lucena, aux Philippines

L’adoration perpétuelle eucharistique est le ‘plan de paix’ de Notre-Dame. Je suis absolument convaincu que c’est par cette adoration que la paix viendra sur notre pays et sur le monde. Quand nous ferons sur la terre ce qui est fait au ciel, c’est-à-dire, adorer Dieu perpétuellement, alors nous verrons ‘la terre nouvelle et les cieux nouveaux’. Le seul nom, la seule puissance, le seul amour qui apporteront la paix éternelle sur la face de la terre, ce sont le Nom, la Puissance et l’Amour de Jésus au Saint-Sacrement.

Mgr Josefino S. Ramirez, vicaire général et chancelier, archidiocèse de Manille aux Philippines

Nous avions de la prostitution devant notre église ; on y vendait de la drogue. Lorsque nous avons commencé l’adoration perpétuelle eucharistique, tout cela a cessé. Quand notre Seigneur au Saint-Sacrement est exposé sur l’autel, la criminalité a sensiblement diminué dans la région. J’en suis convaincu.

Témoignage d’un curé de Las Vegas

Au sujet du drame de l’avortement, Sainte Teresa de Calcutta affirme :

Si les gens passaient une heure par semaine en adoration eucharistique, l’avortement cesserait.

Sainte Teresa de Calcutta

En effet, l’adoration perpétuelle eucharistique, c’est un petit coin du ciel sur la terre : Jésus y est adoré ici-bas sans interruption, comme au ciel où les saints et les anges l’adorent sans cesse. La vie divine se répand abondamment dans les cœurs, protégeant ainsi toute vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle.

C’est l’amour de Dieu pour l’homme qui a créé le monde. Ce sera l’amour de l’homme pour le Fils de Dieu au Saint-Sacrement qui recréera le monde et fera venir la nouvelle création promise par Dieu. Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est uni lui-même à tout homme de telle sorte que, « par son pouvoir de soumettre toutes choses à lui-même » (Ph 3, 21), « le monde créé est destiné à être assumé dans l’Eucharistie » (Jean-Paul II, Lettre encyclique ‘Lumen Orientale’, n. 11, 1995) où tout et chacun sera rendu parfait dans le feu d’amour divin !


Concluons avec les paroles de saint Pierre-Julien Eymard qui déjà au XIXème siècle rappelait l’urgence de l’adoration eucharistique pour renouveler les cœurs, les paroisses et le monde :

Aujourd’hui, l’exposition solennelle de Jésus sacramentel est la grâce et le besoin de notre époque. Elle est la grâce souveraine. L’exposition est l’arme puissante de l’Église et du fidèle… Nous ne craignons pas de l’affirmer : le culte de l’exposition du Très-Saint-Sacrement est le besoin de notre temps… Ce culte est nécessaire pour sauver la société. La société se meurt parce qu’elle n’a plus de centre de vérité et de charité, mais elle renaîtra pleine de vigueur quand tous ses membres viendront se réunir autour de la vie, à Jésus dans l’Eucharistie. Remontez à la source, à Jésus. Surtout à Jésus dans son Eucharistie… Qu’on le sache bien, une civilisation grandit ou décroît en fonction de son culte pour la divine Eucharistie. C’est là la vie et la mesure de sa foi, de sa charité, de sa vertu. Qu’il arrive donc ce règne de l’Eucharistie !

Saint Pierre-Julien Eymard, « Le siècle de l’Eucharistie » 1864